Les professionnels du tourisme en France ont du souci à se faire. Attentats meurtriers, menace terroriste permanente, état d’urgence, annulations de manifestations égratignent sérieusement l’attractivité du pays. Sans compter la délinquance, les arnaques de rue, la vente à la sauvette qui témoignent d’un laxisme bien enraciné.
Le tourisme de loisirs et d’affaires en France est un secteur stratégique par les recettes qu’il génère. Sur la région parisienne, cette industrie et services associés (transport aérien international, parcs de loisirs, musées, commerces de luxe…) constituent le premier gisement d’emplois non délocalisables. Les deux principaux employeurs d’Île-de-France sont ADP (Aéroports de Paris) et Disneyland.
D’autres régions, nombreuses, voient leur santé économique conditionnée aux flux touristiques en provenance de l’international : les Pays de Loire et leurs châteaux, le Bordelais et ses vignobles, la Côte d’Azur et son soleil. Toutes les régions sont plus ou moins impactées par une baisse d’affluence des touristes étrangers.
Certains, à l’instar des Japonais, des Chinois et des États-uniens sont très sensibles aux questions sécuritaires. Dès qu’un événement tragique fait la Une de l’actualité, leur fréquentation s’effondre durablement. Il faudra patienter plusieurs mois, un ou deux ans parfois, avant de retrouver des niveaux comparables aux années passées.
Peut-on leur reprocher cet excès de prudence ? Certainement pas ! Nos compatriotes adoptent le même comportement, plus radical encore, vis-à-vis des pays ébranlés par des troubles politico-religieux. Depuis l’émergence du « Printemps Arabe », un hiver sibérien paralyse le tourisme des destinations concernées. Les Français désertent Tunisie, Égypte, Turquie, Jordanie…, et celles éloignées des zones de conflits et de tensions, comme le Maroc et l’Indonésie. Une frilosité qui a le don de mettre en pétard Jean-François Rial, le charismatique patron de Voyageurs du Monde qui, en 2015, a vu tous les pays musulmans sortir du Top 10 de ses destinations les plus vendues en France.
Depuis novembre dernier et les attaques de Charlie et de l’Hyper Casher, notre pays cumule tous les handicaps qui envoient vers l’extérieur des messages qui dissuaderaient le plus entreprenant voyageur : État d’urgence renouvelé et renforcé, nouvelles attaques terroristes, annulations de manifestations d’ampleur (la Grande Braderie de Lille, le feu d’artifice de La Baule, le meeting aérien de Marseille)… D’autres s’annonceront dans les semaines et mois à venir tant les politiques ne veulent pas prendre le risque d’endosser la responsabilité d’un massacre de masse supplémentaire. On peut comprendre leurs motivations.
Comme si cela ne suffisait pas, l’image internationale de notre pays, et de la région parisienne en particulier, est toujours entachée de pratiques délinquantes qui frappent de plus en plus violemment nos visiteurs. Mardi 2 août, un car de touristes chinois était attaqué près de Roissy par une dizaine d’individus, son chauffeur aspergé au gaz lacrymogène, ses occupants détroussés, deux d’entre eux blessés et transportés à l’hôpital (Source : Dépêche AFP relayée par Le Quotidien du Tourisme, mercredi 3 août).
Welcome In France !
Alors que nos forces de police et de gendarmerie sont mobilisées massivement pour assurer la protection des principaux sites touristiques de la capitale, placée comme l’ensemble du territoire sous état d’urgence, on s’étonnera de la complaisance des autorités vis-à-vis de certaines pratiques parfaitement illégales qui témoignent une fois de plus d’un laxisme généralisé ne contribuant pas à rassurer nos visiteurs. Nul besoin de chercher bien loin. Aux abords de la Tour Eiffel, le monument emblématique de Paris et de la France, rien n’a changé depuis l’instauration de l’état d’urgence. Des centaines de vendeurs à la sauvette d’origine sénégalaise y exercent leurs activités, comme à l’accoutumé. Tout autant de Roms y poursuivent en toute impunité leur manège : parties de bonneteau (jeu de cartes qui relève de l’escroquerie), pétitions bidons s’accompagnant du racket des signataires, mendicité agressive, arnaque à la « bague en or »… Leur imagination est sans limite pour détrousser les naïfs.
La rédaction de Toptrip.tv a pu le vérifier ces derniers jours sur le terrain, comme les années précédentes d’ailleurs. De véritables réseaux organisés opèrent autour de la Tour Eiffel, au Trocadéro, au Musée du Louvre, dans les jardins des Tuileries, au Sacré Cœur à Montmartre, à Versailles, autour des gares. Ils sont dotés de guetteurs, de rabatteurs, de pickpockets… Il suffit de patienter deux ou trois minutes pour voir tout ce petit monde s’affairer à quelques dizaines de mètres des cars de CRS ou des patrouilles de police. Ahurissant !
Ces margoulins aisément identifiables n’attentent pas à la vie de leurs victimes, seulement au contenu de leurs portefeuilles, mais quand même ! Alors que la France est mobilisée pour assurer la sécurité de ses Concitoyennes & Concitoyens, et de ses visiteurs, pourquoi laisse-t-on perdurer ces pratiques répréhensibles ? Ce laxisme n’est-il pas révélateur de notre impuissance à lutter contre les dérives les plus anodines aux plus malfaisantes ? Assurément ! Comment déjouer les plans de terroristes aguerris, entraînés, surarmés, hyper motivés… quand on est incapable de démanteler de petits réseaux mafieux qui agissent au grand jour, au pied des édifices parisiens les plus visités ? Et quelle image déplorable de la France renvoient ces cours des miracles qui prospèrent autour des spots de la Ville Lumière ?
Nous allons finir par payer très cher notre démission (1). À ne pas sanctionner et éradiquer les magouilles des arnaqueurs de seconde zone, nous confortons la détermination de ceux qui fomentent des attaques plus brutales et meurtrières.
Quand on laisse agir en toute impunité les « petits », les « gros » se sentent invulnérables, comme l’auteur de l’attentat de Nice dont nous tairons le nom.
Yves Barraud pour Toptrip.tv
En illustration vidéo : Altercation musclée entre policiers et vendeurs à la sauvette à proximité du Louvre. Toptrip.tv vous recommande également le visionnage d'Enquête Exclusive sur le Business des vendeurs à la sauvette sénégalais, sur fond de religion.
(1) Les données disponibles indiquent une baisse de fréquentation de 12% au premier semestre 2016 sur Paris. L'été s'annonce catastrophique. Plusieurs indicateurs révèlent d'ores et déjà -30 à -40% d'activité (dans les magasins de souvenirs et commerces fréquentés par une clientèle étrangère). 50% des touristes japonais pressentis ont annulé leur séjour dans la capitale (Source : France Info, le 6 août).
Mise à jour (février 2017) : En 2016, Paris/Île-de-France a perdu 1,5 million de touristes.
Lire aussi notre article : Paris/Île-de-France se drape dans un tissu d'âneries.
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